À lire avant de regardez. Ce manga est plus conseillés pour les personnes de 12 ans ou plus, En raisons de violence, de gros mots ect… Merci de respecter les règle, sur ce bonne lecture !
Chapitres ;
Chapitre 1 ; Le bar de Jun
Chapitre 2 ; Kô et ses bêtises
Chapitre 3 ; Le kleptomane
Chapitre 4 ; La fiole magique
Chapitre 5 ; La promesse brisée
Chapitre 6 ; Les effets secondaire…
Chapitre 7 ; La nouvelle réalité de Tay-Ly
Chapitre 8 ; Un Cœur en Conflit
Chapitre 9 ; Une nuit mouvementée au bar
Chapitre 10 ; Une visite inattendue
Le bar de Jun
Dans une petite ville du XVIIIe siècle, Jun Lim, un jeune homme de 21 ans au visage impassible, essuyait méticuleusement un verre derrière le comptoir du bar qu’il avait hérité de son père. L’établissement, imprégné de l’odeur du bois et de l’alcool, bourdonnait doucement des conversations des habitués.
“Eh, Jun ! Tu me sers un verre ?” demanda une voix familière.
Jun leva les yeux pour voir Tay-Ly, le fantôme du bar, flottant près du comptoir avec un sourire espiègle.
“Non, Tay-Ly. Combien de fois devrais-je te le dire ?” répondit Jun d’un ton las.
“Allez, ça fait 741 ans que je suis mort ! Un petit verre ne me fera pas de mal,” plaida Tay-Ly.
“Putain, t’es chiant,” marmonna Jun. “Tu es déjà mort ivre ici. Je ne vais pas contribuer à ton alcoolisme posthume.”
Saïka qui entrait dans le bar. Sa collègue lui adressa un sourire chaleureux avant de se mettre au travail.
La porte s’ouvrit à nouveau, laissant entrer Saku, traînant derrière elle un squelette qu’elle installa soigneusement sur un tabouret. “Salut tout le monde ! Jean-Eude et moi, on vient se détendre un peu. Pas vrai, Jean-Eude ?” Elle secoua affectueusement le crâne du squelette.
Jun hocha la tête en guise de salutation, servant à Saku sa boisson habituelle. Peu après, Saïka, la vampire, se glissa discrètement à une table dans un coin sombre, son regard perdu dans ses pensées.
La soirée avançait quand Yu, déjà bien éméché, trébucha jusqu’au bar. “Hé, Jun ! Remplis-moi ça, bordel !” lança-t-il en agitant son verre vide.
Jun s’exécuta sans un mot, observant du coin de l’œil le jeune Kô qui se faufilait entre les tables, chipant ici et là quelques pièces aux clients inattentifs.
Soudain, la porte s’ouvrit avec fracas, laissant entrer Den, le marquis, suivi de près par sa fiancée Analy. “Mes amis !” s’exclama-t-il d’une voix forte. “Ce soir, je paie la tournée !”
Un brouhaha joyeux s’éleva dans le bar. Jun, imperturbable, commença à servir les verres tandis qu’Analy murmurait à l’oreille de Den : “Mon amour, tu ne devrais pas trop boire ce soir…”
Den rit de bon cœur. “Ne t’inquiète pas, ma chérie. Ce n’est qu’un verre ou deux.”
Alors que la nuit avançait, Jun observait silencieusement la scène qui se déroulait devant lui. Tay-Ly flottait autour du bar, tentant en vain de voler un verre. Saku conversait joyeusement avec son squelette, tandis que Saïka griffonnait des formules magiques sur une serviette. Yu ronflait bruyamment dans un coin, et Kô riait aux éclats en observant les adultes ivres.
Jun sentit une vague de mélancolie l’envahir en pensant à sa sœur et à sa mère disparue. Mais il la repoussa rapidement, se concentrant sur son travail. Après tout, c’était sa vie maintenant, gardien des secrets de cette ville étrange et de ses habitants encore plus étranges.
Comme son père le lui avait appris, il écoutait, observait, et gardait tout pour lui. C’était le rôle d’un bon barman, et Jun Lim était déterminé à être le meilleur.
Kô et ses bêtises
Alors que la nuit s’étirait, Tay-Ly flottait impatiemment autour de Jun, ses yeux spectraux brillant d’une lueur malicieuse.
“Allez, Jun ! T’as pas idée à quel point c’est chiant d’être mort et sobre depuis des siècles !” gémit-il, passant une main translucide à travers une bouteille de whisky.
Jun soupira, jetant un coup d’œil las au fantôme. “Tay-Ly, même si je le voulais, je ne pourrais pas te servir. Tu es immatériel, bordel.”
Tay-Ly fit la moue, puis un sourire espiègle se dessina sur son visage éthéré. “Ah ouais ? Et si je possédais quelqu’un ? Ça pourrait marcher, non ?”
Avant que Jun ne puisse répondre, Tay-Ly plongea dans le corps de Yu, qui se réveilla en sursaut, les yeux vitreux.
“Merde alors, ça a marché !” s’exclama Yu avec la voix de Tay-Ly. “Jun, mon pote, sers-moi un verre !”
Jun fronça les sourcils, reconnaissant instantanément la supercherie. “Tay-Ly, sors de là immédiatement.”
Saïka, intriguée par le remue-ménage, s’approcha du bar. “Qu’est-ce qui se passe ici ?”
“Ce foutu fantôme essaie de contourner les règles,” grommela Jun.
Tay-Ly/Yu fit un clin d’œil à Saïka. “Hé, beauté nocturne, tu voudrais pas m’aider à convaincre notre cher barman de me servir un verre ?”
Saïka rit doucement, ses canines brillant à la lueur des chandelles. “Désolée, Tay-Ly. Je préfère garder mes faveurs pour des causes plus… vitales.”
Frustré, Tay-Ly quitta le corps de Yu, qui s’effondra sur le comptoir en marmonnant des obscénités.
“Putain, vous êtes pas marrants,” bouda Tay-Ly, flottant au-dessus du bar.
Soudain, le petit Kô surgit de sous une table, brandissant une bouteille qu’il avait subtilement dérobée. “Hé, le fantôme ! J’ai un cadeau pour toi !”
Avant que Jun ne puisse réagir, Kô lança la bouteille en l’air. Tay-Ly, pris par surprise, la traversa accidentellement. Le verre se brisa au sol dans un fracas assourdissant, répandant son contenu sur le plancher.
“Nom de Dieu !” jura Den, se levant brusquement de sa chaise. “Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?”
Jun, conservant son calme habituel, commença à nettoyer les dégâts. “Ce n’est rien, Monsieur le Marquis. Juste un petit accident.”
Analy posa une main apaisante sur l’épaule de Den. “Chéri, calme-toi. Ce n’est qu’un peu d’alcool renversé.”
Tay-Ly, flottant au-dessus de la flaque, semblait sur le point de pleurer. “Tout ce bon alcool gâché… C’est un crime contre l’humanité !”
Saku, qui observait la scène avec amusement, se pencha vers son squelette. “Tu as vu ça, Jean-Eude ? On ne s’ennuie jamais ici !”
Jun, tout en essuyant le sol, lança un regard sévère à Kô. “Toi, petit voleur, tu vas m’aider à nettoyer ce bazar.”
Kô, pris la main dans le sac, hocha la tête avec un mélange de honte et d’excitation.
Alors que le calme revenait progressivement dans le bar, Tay-Ly continuait à tourner autour de Jun, alternant entre supplications et bouderies. Jun, fidèle à sa promesse et à son caractère stoïque, resta inflexible.
La nuit promettait d’être encore longue, et Jun savait que ce n’était qu’un autre chapitre dans la vie trépidante de ce bar pas comme les autres.
Le kleptomane
Alors que la nuit avançait, l’agitation dans le bar commençait à se calmer. Jun, toujours vigilant, essuyait les verres tout en gardant un œil sur ses clients. Ce qu’il ne remarquait pas, cependant, c’était Tay-Ly qui flottait discrètement autour des clients les plus ivres.
Le fantôme, concentré intensément, réussit à saisir une pièce de monnaie qui dépassait de la poche de Yu. Avec un sourire satisfait, il la fit disparaître dans sa forme éthérée.
“Putain, j’y arrive de mieux en mieux,” murmura-t-il pour lui-même.
Enhardi par son succès, Tay-Ly tenta de soulever le verre à moitié plein de Den. Malheureusement, sa concentration vacilla et sa main traversa le verre, provoquant un frisson chez le marquis.
“Bordel, qu’est-ce que c’était que ça ?” s’exclama Den, regardant autour de lui avec suspicion.
Jun leva les yeux, soudainement alerté. “Quelque chose ne va pas, Monsieur le Marquis ?”
“J’ai senti comme un courant d’air glacé,” répondit Den, frottant son bras.
Tay-Ly, frustré par son échec, flotta jusqu’au bar. “Hé, Jun,” chuchota-t-il, “tu crois pas qu’il est temps de fermer ? Ces ivrognes ont assez bu, non ?”
Jun, ignorant ostensiblement le fantôme, continua à servir ses clients. Tay-Ly, vexé d’être ignoré, décida de passer à l’action. Il se concentra de toutes ses forces et réussit à faire glisser une bouteille sur l’étagère.
Le fracas de la bouteille tombant au sol fit sursauter tout le monde. Jun, surpris, regarda autour de lui avant de croiser le regard satisfait de Tay-Ly.
“Merde alors,” jura-t-il doucement, comprenant enfin ce qui se passait.
Pendant que Jun nettoyait les dégâts, Tay-Ly en profita pour subtiliser quelques objets aux clients distraits : un mouchoir brodé d’Analy, une bague que Saku avait enlevée pour boire, et même une dent en or que Yu avait l’habitude de jouer avec quand il était nerveux.
Saïka, la vampire aux sens aiguisés, remarqua le manège du fantôme. Elle s’approcha discrètement de Jun.
“Tu sais que ton ami spectral fait les poches de tes clients, n’est-ce pas ?” murmura-t-elle.
Jun soupira profondément. “Je commençais à m’en douter. Ce foutu fantôme ne peut pas s’empêcher de faire des conneries.”
“Tu devrais peut-être lui trouver une occupation,” suggéra Saïka avec un sourire en coin. “Histoire qu’il arrête de faire chier tout le monde.”
Jun hocha la tête, son esprit déjà en train de réfléchir à une solution. Il se tourna vers Tay-Ly qui flottait innocemment près du plafond.
“Tay-Ly, viens ici,” ordonna-t-il d’une voix basse mais ferme.
Le fantôme, surpris d’être appelé, descendit lentement.
“Écoute-moi bien,” commença Jun, “si tu veux rester ici, tu vas devoir te rendre utile. À partir de maintenant, tu seras mes yeux et mes oreilles. Tu surveilles le bar, tu m’alertes si quelqu’un a trop bu ou si une bagarre se prépare. En échange, je… je réfléchirai à un moyen de te laisser goûter à l’alcool. Compris ?”
Les yeux de Tay-Ly s’illuminèrent. “Putain, Jun ! T’es sérieux ? Marché conclu, mon pote !”
Alors que Tay-Ly commençait sa nouvelle mission avec enthousiasme, Jun se permit un rare sourire. Peut-être que cette cohabitation avec un fantôme kleptomane n’était pas si terrible après tout.
La nuit continua, le bar bourdonnant doucement de conversations et de rires, avec Tay-Ly flottant au-dessus, gardien invisible et nouvellement responsable de ce petit monde nocturne.
La fiole magique
L’horloge du bar sonna 23h, et Jun commença à annoncer le dernier service. Les clients, habitués à cette routine, commencèrent à se préparer au départ.
“Allez, bande de pochtrons, c’est l’heure de rentrer !” lança Tay-Ly joyeusement, flottant au-dessus des tables.
Jun lui jeta un regard réprobateur, mais ne dit rien. Il commença à nettoyer le comptoir tandis que les derniers clients finissaient leurs verres.
Den, le marquis, se leva en chancelant légèrement. “Ma chère Analy, il est temps de regagner nos quartiers,” dit-il d’une voix pâteuse.
Analy, sobre et patiente, prit le bras de son fiancé. “Oui, mon amour. Rentrons.”
Saku ramassa soigneusement le squelette de Jean-Eude. “Allez, mon vieux, on rentre à la maison. Tu as assez bu pour ce soir,” plaisanta-t-elle en faisant un clin d’œil à Jun.
Saïka fut la dernière à partir, glissant silencieusement vers la porte. “Bonne nuit, Jun. Bonne nuit, Tay-Ly,” murmura-t-elle avant de disparaître dans l’obscurité.
À 23h30 précises, Jun ferma la porte derrière le dernier client. Le silence s’abattit sur le bar, seulement troublé par le tintement des verres que Jun rangeait.
“Enfin seuls !” s’exclama Tay-Ly, s’étirant dans les airs. “C’était une sacrée soirée, hein ?”
Jun hocha la tête, continuant son nettoyage méthodique. “Tu t’es bien débrouillé ce soir, Tay-Ly. Merci pour ton aide.”
Le fantôme rayonna de fierté. “Alors, tu vas tenir ta promesse ? Je peux goûter un peu d’alcool maintenant ?”
Jun soupira, puis se dirigea vers une étagère cachée derrière le bar. Il en sortit une petite fiole contenant un liquide ambré.
“J’ai demandé à Saïka de préparer ça,” expliqua-t-il. “C’est une sorte de potion qui devrait te permettre de goûter l’alcool pendant quelques minutes. Mais attention, c’est juste pour goûter, compris ?”
Les yeux de Tay-Ly s’illuminèrent d’excitation. “Putain, Jun ! T’es le meilleur !”
Jun versa quelques gouttes de la potion sur le comptoir. Tay-Ly se pencha avidement, inspirant profondément. Soudain, son visage spectral s’illumina.
“Nom de Dieu !” s’exclama-t-il. “Je peux le sentir ! Je peux le goûter !”
Pendant quelques minutes, Tay-Ly flotta autour du bar, savourant chaque goutte de la potion magique. Jun l’observait, un léger sourire aux lèvres.
Lorsque l’effet de la potion commença à s’estomper, Tay-Ly revint vers Jun, l’air satisfait. “Merci, mon pote. C’était… c’était vraiment quelque chose.”
Jun hocha la tête. “Ne t’y habitue pas trop. C’est exceptionnel.”
Alors qu’il terminait de nettoyer le bar, Jun réfléchissait à la journée écoulée. Les secrets qu’il avait entendus, les drames qu’il avait évités, les rires qu’il avait partagés. C’était une vie étrange, certes, mais c’était la sienne.
“Hé, Jun,” appela doucement Tay-Ly. “Tu penses à quoi ?”
Jun leva les yeux vers son ami spectral. “À la vie, Tay-Ly. À la vie et à la mort, et à tout ce qu’il y a entre les deux.”
Tay-Ly hocha solennellement la tête, puis un sourire espiègle apparut sur son visage. “Et au fait que demain, on recommence tout ça !”
Jun ne put s’empêcher de sourire. “Oui, Tay-Ly. Demain, on recommence tout ça.”
Alors que l’horloge affichait minuit, Jun éteignit les lumières du bar. Dans l’obscurité, seule la lueur éthérée de Tay-Ly persistait, veillant sur ce lieu où la vie et la mort se côtoyaient chaque nuit, dans un étrange ballet de secrets et d’alcool.
La promesse brisée
Au moment où le soleil commençait à se lever, Jun ouvrit les yeux. Son sommeil était peu profond, son esprit tourmenté par le souvenir de la fiole qu’il avait donnée à Tay-Ly. Le sentiment de culpabilité le submergeait, lui rappelant l’engagement qu’il avait pris envers ses parents.
“Oh!”, murmura-t-il en se levant, “que suis-je devenu?”
Il se dirigea vers le bar, où Tay-Ly était immobile près du plafond et Rayakusa était déjà en train de préparer les tables pour la journée.
« Salut, Jun! » s’écria avec joie Rayakusa. “Il semble que tu aies passé une nuit difficile.”
Jun esquissa un simple sourire, esquissant le regard curieux de Tay-Ly. Il passa quelques minutes à s’occuper de l’organisation des verres et à essuyer le comptoir. Cependant la charge de sa culpabilité augmentait.
insupportable.
Il posa finalement son chiffon vers 8 heures du matin et se tourna vers Rayakusa et Tay-Ly.
“Écoutez,” dit-il d’un ton tendu, “j’ai besoin de me détendre un peu.” Je… je me sens vraiment mal.”
Rayakusa esquissa un sourcil inquiétant. Bien entendu, Jun. Prends le temps nécessaire. Je peux gérer le bar pendant un certain temps.
Tay-Ly, qui flottait plus bas, avait l’air excessivement sérieux. “Tout se passe bien, mon ami?” Est-ce en raison de hier soir?
Jun fit un mouvement de tête, toujours évitant le regard du fantôme. Non, cela n’a rien à voir. Je dois simplement me déplacer un peu.
Jun sortit du bar sans attendre de réponse, l’air frais du matin le frappant au visage. Il se mit à marcher sans avoir de but précis.
Au sein des rues encore paisibles de la ville.
Les idées se déroulent dans sa tête. Le résultat de la promesse envers ses parents, le visage éclatant de Tay-Ly après avoir goûté à l’alcool, la mémoire de son père lui rappelant l’importance de respecter ses engagements…
« Oh là là, oh là là », murmurait-il en marchant, les poings serrés.
Il était conscient qu’il devrait subir les répercussions de ses actions. Il serait peut-être judicieux qu’il explique à Tay-Ly pourquoi ils ne pourraient plus jamais le faire à nouveau. Il est possible qu’il cherche à obtenir un pardon, à respecter l’esprit, sinon la lettre de sa promesse.
Pendant qu’il se dirigeait vers une rue, Jun remarqua le cimetière de la ville. Sans trop réfléchir, il se rendit à la sépulture de ses parents.
Les effets secondaire…
Jun marchait d’un pas lourd vers le bar, son esprit encore tourmenté par sa décision de la veille. Le soleil matinal projetait des ombres allongées sur les pavés, comme pour souligner le poids de sa culpabilité. Soudain, un cri perçant déchira l’air calme du matin.
“Au voleur ! Arrêtez-le !”
Jun se retourna vivement pour voir Kô, le jeune pickpocket, détalant à toute vitesse, une bourse en cuir serrée contre sa poitrine. Sans réfléchir, Jun s’élança à sa poursuite.
“Kô ! Arrête-toi immédiatement !” cria-t-il, ses longues jambes lui permettant de gagner du terrain sur le gamin.
Kô jeta un regard paniqué par-dessus son épaule. “Merde ! Pas toi, Jun !”
La course-poursuite les mena à travers les ruelles étroites de la ville. Jun slalomait entre les étals du marché qui commençait à s’installer, renversant des cageots de fruits et s’excusant à la volée. Kô, plus petit et plus agile, se faufilait sous les tables et entre les jambes des passants médusés.
Après plusieurs minutes de course effrénée, Jun réussit enfin à coincer Kô dans une impasse. Le garçon, dos au mur, haletait, les yeux écarquillés de peur.
“C’est fini, Kô,” dit Jun, reprenant son souffle. “Donne-moi cette bourse.”
Kô serra la bourse contre lui. “Tu comprends pas, Jun ! J’ai pas le choix !”
Jun s’approcha lentement, les mains levées en signe d’apaisement. “On a toujours le choix, Kô. Explique-moi ce qui se passe.”
Les yeux de Kô se remplirent de larmes. “C’est… c’est ma mère. Elle est malade. On n’a pas d’argent pour le médecin.”
Jun sentit son cœur se serrer. Il s’agenouilla devant le garçon. “Écoute, je comprends que tu veuilles aider ta mère. Mais voler n’est pas la solution. Viens avec moi au bar, on va trouver un moyen de t’aider.”
Kô hésita un moment, puis tendit la bourse à Jun. Ensemble, ils retournèrent au bar, Jun gardant une main protectrice sur l’épaule du garçon.
Quand ils arrivèrent, Rayakusa les accueillit avec un regard inquiet. “Jun ! Où étais-tu passé ? Et que fait Kô ici ?”
Jun expliqua rapidement la situation. Tay-Ly, qui flottait près du plafond, descendit pour écouter.
“Putain, c’est pas de bol, ça,” commenta le fantôme. “On peut pas laisser ce gamin et sa mère dans la merde.”
Jun hocha la tête, une idée germant dans son esprit. “Rayakusa, tu peux garder un œil sur Kô ? Je dois aller voir quelqu’un.”
Sans attendre de réponse, Jun sortit du bar et se dirigea d’un pas décidé vers la résidence du marquis Den. Il frappa à la porte, le cœur battant.
Den ouvrit, l’air encore endormi. “Jun ? Que se passe-t-il ?”
“Monsieur le Marquis, j’ai besoin de votre aide,” dit Jun, expliquant rapidement la situation de Kô et de sa mère.
Den écouta attentivement, son visage s’assombrissant. “C’est une situation délicate, Jun. Le vol ne peut pas rester impuni, mais nous ne pouvons pas non plus ignorer la détresse de cette famille.”
Après un moment de réflexion, Den proposa une solution : Kô travaillerait au bar pour rembourser ce qu’il avait volé, et en échange, Den s’assurerait que sa mère reçoive les soins nécessaires.
Soulagé, Jun retourna au bar pour annoncer la nouvelle à Kô. Le garçon, les yeux brillants de gratitude, accepta immédiatement l’offre.
Alors que la journée avançait, Jun se sentait plus léger. Il avait peut-être brisé sa promesse la veille, mais aujourd’hui, il avait aidé quelqu’un dans le besoin. C’était un pas dans la bonne direction.
Le soir venu, alors que les habitués commençaient à arriver, Jun observait Kô qui essuyait maladroitement des verres sous le regard attentif de Rayakusa.
Saku entra, Jean-Eude le squelette sous le bras. “Oh, on a un nouveau petit aide-barman ?” demanda-t-elle en ébouriffant les cheveux de Kô.
Jun sourit. “C’est une longue histoire.”
La soirée battait son plein quand soudain, un fracas assourdissant retentit à l’extérieur. Jun se précipita dehors, suivi de près par Tay-Ly.
Dans la rue, une charrette s’était renversée, répandant son chargement de tonneaux d’alcool. L’odeur forte du vin emplissait l’air. Le conducteur, visiblement ivre, tentait maladroitement de se relever.
“Bon sang,” jura Jun, “il faut l’aider avant qu’il ne se blesse.”
Alors qu’il s’approchait pour aider l’homme, Jun remarqua du coin de l’œil que Tay-Ly semblait étrangement agité.
“Tay-Ly ? Qu’est-ce qui t’arrive ?” demanda-t-il, inquiet.
Le fantôme flottait au-dessus des flaques de vin, son corps éthéré scintillant d’une lueur inhabituelle. “Je… je ne sais pas, Jun. Je me sens bizarre. Comme… comme si je pouvais presque goûter l’alcool.”
Jun fronça les sourcils. La potion de Saïka aurait-elle eu des effets secondaires inattendus ?
Soudain, Tay-Ly poussa un cri de surprise. Sa forme spectrale commença à se solidifier, devenant de plus en plus opaque.
“Jun ! Qu’est-ce qui m’arrive ?” s’écria Tay-Ly, paniqué.
Les clients du bar, attirés par le vacarme, sortirent pour voir ce qui se passait. Leurs yeux s’écarquillèrent de stupeur en voyant le fantôme prendre progressivement une forme quasi-corporelle.
Jun, abasourdi, ne savait pas quoi faire. Il se tourna vers Saïka, qui observait la scène avec un mélange de fascination et d’inquiétude.
“Saïka ! C’est ta potion qui fait ça ?”
La vampire secoua la tête. “Je… je ne sais pas. C’était censé être temporaire. Ça n’aurait pas dû avoir cet effet.”
Pendant ce temps, Tay-Ly continuait de se transformer. Il pouvait maintenant toucher le sol, ses pieds laissant des empreintes dans les flaques de vin.
“Je… je peux sentir le sol !” s’exclama-t-il, un mélange de peur et d’excitation dans la voix.
Jun s’approcha de son ami, tendant une main hésitante. À sa grande surprise, il put toucher l’épaule de Tay-Ly. C’était froid, comme de la glace, mais c’était solide.
“Comment est-ce possible ?” murmura Jun.
Den, qui avait assisté à toute la scène, s’avança. “Il semblerait que notre ami Tay-Ly ait trouvé un moyen de revenir parmi nous,” dit-il d’une voix grave. “La question est : est-ce permanent ?”
Tout le monde se tourna vers Saïka, qui semblait perdue dans ses pensées. “Je vais devoir faire des recherches,” dit-elle finalement. “Ce phénomène est… sans précédent.”
Jun regarda Tay-Ly, qui examinait ses mains nouvellement solides avec émerveillement. Il sentit un mélange d’émotions l’envahir : joie pour son ami, inquiétude pour les conséquences, et une pointe de culpabilité renouvelée pour avoir brisé sa promesse.
Alors que la nuit tombait sur cette scène extraordinaire, Jun réalisa que sa vie, déjà peu ordinaire, venait de prendre un tournant encore plus inattendu. Et quelque part au fond de lui, il savait que ce n’était que le début d’une nouvelle aventure.
La nouvelle réalité de Tay-Ly
Les jours qui suivirent la transformation de Tay-Ly furent remplis d’émerveillement et de confusion. Le fantôme, désormais doté d’un corps presque tangible, passait son temps à explorer sa nouvelle condition avec un enthousiasme enfantin.
“Putain, Jun ! Tu te rends compte ? Je peux toucher des trucs maintenant !” s’exclamait Tay-Ly en attrapant tout ce qui lui tombait sous la main.
Jun Lim, fidèle à sa nature calme et réfléchie, observait son ami avec un mélange d’amusement et d’inquiétude. “C’est génial, Tay-Ly, mais fais gaffe quand même. On ne sait pas combien de temps ça va durer.”
Comme pour confirmer ses doutes, le corps de Tay-Ly avait tendance à redevenir spectral de façon imprévisible. Un moment, il était en train de s’extasier sur la texture du bois du comptoir, et l’instant d’après, sa main traversait le bar comme si de rien n’était.
“Merde !” jurait Tay-Ly à chaque fois que cela se produisait. “C’est vraiment chiant, ça !”
Pendant ce temps, la vie au bar continuait son cours. Rayakusa, toujours patient et de bonne humeur, s’était donné pour mission d’aider Kô à s’intégrer dans son nouveau rôle d’aide-barman.
“Allez, petit,” encourageait-il le garçon de 8 ans. “Tu vas voir, bientôt tu seras un pro pour servir du jus de raisin !”
Kô, ravi de cette nouvelle aventure, riait aux éclats chaque fois qu’un client ivre trébuchait ou disait quelque chose de particulièrement absurde.
Un soir, alors que le bar était plein à craquer, Den fit son entrée, l’air plus soucieux que d’habitude.
“Bon sang, Lim,” dit-il en s’asseyant lourdement au comptoir. “J’ai besoin d’un verre. Un double.”
Jun haussa un sourcil. Il connaissait suffisamment le marquis pour savoir que quelque chose n’allait pas. “Qu’est-ce qui se passe, monsieur le marquis ?”
Den soupira profondément. “C’est Analy. Elle… elle menace de me quitter si je ne passe pas plus de temps avec elle. Putain, elle ne comprend pas que j’ai des responsabilités envers la ville ?”
Jun hocha la tête, compréhensif. Il connaissait bien les défis auxquels faisait face le couple, grâce aux confidences des habitants ivres et aux rumeurs qui circulaient dans le bar.
Soudain, Saku fit irruption dans le bar, Jean-Eude le squelette sous le bras comme à son habitude. “Salut la compagnie ! Oh, Den, tu as une de ces têtes ! Qu’est-ce qui ne va pas ?”
Avant que Den ne puisse répondre, Saïka, qui était assise dans un coin sombre, intervint. “Laisse-le tranquille, Saku. Tout le monde n’a pas envie d’étaler sa vie privée.”
Jun observa la scène en silence, repensant à sa propre histoire familiale. Son père exigeant, sa mère impuissante, sa sœur… Il secoua la tête pour chasser ces pensées. Ce n’était pas le moment de ressasser le passé.
Tay-Ly, qui flottait au-dessus du groupe, tenta de poser une main réconfortante sur l’épaule de Den, mais son bras passa à travers le marquis. “Merde, pas maintenant !” grommela-t-il.
Jun ne put s’empêcher de sourire. Même après 741 ans, Tay-Ly n’avait rien perdu de sa compassion.
“Hé, Lim !” appela Yu depuis l’autre bout du bar. “Un autre verre, s’il te plaît ! Et pas de cette pisse de chat cette fois !”
Jun soupira intérieurement. La nuit allait être longue. Mais c’était sa vie maintenant, et malgré tout, il ne l’aurait échangée pour rien au monde.
Alors qu’il se dirigeait vers Yu pour le servir, Jun jeta un coup d’œil à Tay-Ly qui essayait encore une fois d’attraper un verre. “N’y pense même pas,” dit-il fermement. “Fantôme ou pas, tu n’auras pas d’alcool.”
Tay-Ly fit la moue. “T’es pas drôle, Lim. Un petit verre ne me ferait pas de mal !”
“Une promesse est une promesse,” répondit Jun, imperturbable.
Et ainsi, la soirée continua, remplie de rires, de drames et de secrets chuchotés. Jun Lim, à seulement 21 ans, était au centre de tout cela, gardien silencieux des confidences de toute une ville.
Un cœur en conflit
La vie au bar semblait avoir trouvé un nouvel équilibre au fil des semaines. Kô avait trouvé un emploi idéal en tant qu’aide-barman, séduisant les clients avec son sourire espiègle. Den et Analy avaient trouvé un accord, le marquis s’efforçant maintenant de rentrer plus tôt. Même Saïka paraissait plus relaxée, s’occupant de ses potions dans un coin du bar sans préoccuper personne.
Cependant, selon Jun Lim, quelque chose avait évolué. Le léger frisson qui parcourait son échine à chaque fois que Tay-Ly traversait un mur pour apparaître brusquement à ses côtés ne pouvait plus être ignoré. Ou comment son cœur semblait se mettre à battre sans relâche lorsque le fantôme riait, ses yeux illuminés d’une lueur surnaturelle.
“Bonjour, Lim!” Tay-Ly fit appel
Un soir, flottant au-dessus du bureau. “Regarde ce que je peux accomplir à présent!”
Le fantôme se focalisa de manière intense, puis tout à coup, sa main devint solide. Il prit un verre vide et le leva avec succès.
Une chaleur inattendue envahit Jun dans sa poitrine. « C’est… c’est incroyable, Tay-Ly », déclara-t-il avec une voix un peu rauque. Il se racla la gorge, gêné par sa réaction personnelle. “Je ne souhaite pas pour autant te servir de l’alcool.”
Tay-Ly esquissa un sourire, et Jun fut contraint de détourner le regard, perturbé par l’envie soudaine de… Non, il n’aurait pas dû y penser. C’était absurde. Tay-Ly était une entité mystérieuse, bravo! Un spectre âgé de 741 ans en plus.
« Tout va bien, Jun? » interrogea Rayakusa, observant l’attitude.
Attiré par le jeune homme.
« Oui, oui », murmura Jun, s’occupant de nettoyer des verres déjà propres. “Tout simplement épuisé.”
Par la suite de la soirée, alors que le bar commençait à se vider, Saku fit son apparition, Jean-Eude toujours tenant le squelette sous le bras.
« Salut la compagnie! » s’écria-t-elle avec joie. “Oh, Tay-Ly, il semble que tu développes de plus en plus de force chaque jour!”
Tay-Ly arbore un large sourire. Je progresse! Peut-être bientôt, je pourrai même danser avec toi, Saku.
Jun eut l’impression de… quelque chose. De la jalousie? Non, il est impossible. Il agita la tête, cherchant à éliminer ces pensées incohérentes.
“Bonjour, Lim,” Yu fit un appel depuis son coin habituel. Tu fais des rêves ou quoi? Tout seul, mon verre ne se remplira pas!”
, se rendant compte de son immobilité pendant plusieurs secondes, les yeux fixés sur Tay-Ly. « Excuse-moi, Yu », dit-il en se tournant vers lui. J’arrive immédiatement.
En servant Yu, Jun perçut le regard de Saïka fixant lui. La vampire le fixait d’un regard calme, comme si elle pouvait lire en lui. Jun tourna rapidement les yeux, éprouvant de l’inconfort.
Par la suite, tandis que Jun fermait le bar, Tay-Ly se précipita vers lui.
« Salut, Jun », dit-il en douceur. Tu es sûr que tout va bien? Tu as l’air… étrange depuis quelque temps.
Jun ressentit son cœur battre rapidement. Tay-Ly était si proche, et dans l’obscurité du bar, son apparence fantasmagorique semblait presque… magnifique. Jun ferma les yeux pendant un instant, cherchant à se réveiller.
“Je vais bien,” déclara-t-il, sa voix plus glaciale qu’il ne l’aurait souhaité. “Il y a simplement… un grand nombre de tâches à gérer en ce moment.”
Ayant l’air blessé par le ton de Jun, Tay-Ly n’a pas insisté. « Bien sûr », dit-il simplement avant de s’éloigner en traversant une paroi.
Jun demeura seul dans le bar calme, son cœur en lutte. Il était incapable d’exprimer ces émotions. Cela était impensable, irrationnel et peut-être catastrophique. Et malgré tout…
Il émit un profond soupir, éteignit les dernières lumières et quitta le bar, résolu à enfouir ces émotions troublantes au plus profond de sa personne. En fin de compte, il devait gérer un bar, préserver des secrets et respecter une promesse. Il ne disposait pas du temps nécessaire pour… autre chose.
Cependant, pendant qu’il se promenait dans les ruelles sombres de la ville, Jun ne pouvait s’empêcher de se questionner sur ce que l’avenir lui réservait, à lui et à son fantôme de plus en plus concret.
Une nuit mouvementée au bar
L’automne était arrivé, apportant avec lui des nuits plus fraîches et une clientèle plus nombreuse au bar. Jun Lim s’affairait derrière le comptoir, servant les habitués et accueillant les nouveaux venus avec son efficacité habituelle.
Rayakusa, sa collègue, jonglait habilement avec les commandes, son rire cristallin s’élevant par-dessus le brouhaha ambiant. “Hé, Jun !” lança-t-elle. “On dirait que ça va être une sacrée soirée !”
Jun hocha la tête, un léger sourire aux lèvres. “Comme tous les vendredis, Raya. Tiens-toi prête.”
Tay-Ly flottait au-dessus de la foule, observant la scène avec amusement. Sa forme oscillait entre tangible et spectrale, créant parfois des effets de lumière étranges qui faisaient sursauter les clients les plus ivres.
Soudain, la porte s’ouvrit avec fracas, laissant entrer une Saku visiblement agitée, Jean-Eude le squelette tressautant sous son bras.
“Les gars !” s’écria-t-elle, le visage pâle. “Il y a un problème en ville ! Des types louches rôdent près de la place du marché !”
Le bar devint silencieux, tous les regards se tournant vers elle. Den, qui sirotait tranquillement son whisky au comptoir, se leva immédiatement.
“Que se passe-t-il exactement, Saku ?” demanda-t-il, son ton trahissant son inquiétude.
Saku reprit son souffle. “Je les ai vus en venant ici. Une bande de gars costauds, l’air pas commode. Ils parlaient de ‘faire payer’ quelqu’un.”
Jun sentit un frisson lui parcourir l’échine. Il échangea un regard avec Tay-Ly, qui semblait tout aussi préoccupé.
“Merde,” jura Yu depuis son coin. “Ça sent les emmerdes à plein nez.”
Saïka, qui était restée silencieuse jusque-là, s’avança. “Ces hommes… l’un d’eux avait-il un tatouage de serpent sur le cou ?”
Saku réfléchit un instant. “Maintenant que tu le dis… Oui, je crois que j’ai vu quelque chose comme ça !”
Saïka pâlit visiblement, ce qui était un exploit pour un vampire. “Ce sont les Vipères Noires. Un gang de la ville voisine. Ils sont dangereux.”
Den se tourna vers Jun. “Lim, il faut faire quelque chose. On ne peut pas les laisser terroriser notre ville.”
Jun acquiesça, son esprit analysant déjà la situation. “D’accord, voilà ce qu’on va faire. Den, vous devriez alerter la garde de la ville. Saïka, tu connais ces types, tu peux nous en dire plus ?”
Alors que Saïka commençait à expliquer ce qu’elle savait sur les Vipères Noires, Kô, qui s’était fait discret jusque-là, tira sur la manche de Jun.
“Jun,” chuchota-t-il, “je connais ces rues mieux que personne. Je peux aller espionner ces types si tu veux.”
Jun hésita. L’idée d’envoyer un enfant de 8 ans en reconnaissance était risquée, mais Kô avait raison. Il connaissait chaque recoin de la ville.
“D’accord,” dit finalement Jun. “Mais tu fais très attention. Au moindre signe de danger, tu reviens immédiatement, compris ?”
Kô hocha la tête vigoureusement avant de filer par la porte de service.
Tay-Ly s’approcha de Jun. “Je peux y aller aussi. Ils ne peuvent pas me voir quand je suis en mode fantôme.”
Jun sentit une pointe d’inquiétude, mais il savait que Tay-Ly avait raison. “Okay, mais sois prudent. On ne sait jamais avec ta… condition actuelle.”
Alors que Tay-Ly disparaissait à travers un mur, Jun se tourna vers les clients du bar. “Mesdames et messieurs, je vous demande de rester calmes. Nous allons gérer cette situation.”
Rayakusa s’approcha de lui. “Qu’est-ce que je peux faire ?”
“Garde un œil sur le bar,” répondit Jun. “Et prépare quelques cocktails spéciaux. J’ai le sentiment qu’on en aura besoin avant la fin de la nuit.”
Alors que le bar bourdonnait d’une activité fébrile, Jun ne pouvait s’empêcher de penser à Kô et Tay-Ly, dehors dans la nuit. Il espérait sincèrement qu’ils reviendraient sains et saufs. Quoi qu’il arrive, cette nuit promettait d’être longue et mouvementée.
Une visite inattendue
Alors que la tension montait dans le bar, la porte s’ouvrit brusquement, laissant entrer une jeune femme visiblement enceinte, suivie de près par un homme à l’allure calme mais alerte. Jun se figea en reconnaissant les nouveaux arrivants.
“Barbara ?” s’exclama-t-il, surpris. “Qu’est-ce que tu fais ici ?”
Barbara, la sœur de 19 ans de Jun, balaya la salle du regard avant de poser ses yeux sur son frère. Son expression oscillait entre inquiétude et une froideur calculée. “Jun, il se passe des choses bizarres en ville. Zu-ki a pensé qu’on serait plus en sécurité ici.”
Zu-ki, le compagnon de Barbara, hocha la tête. Ses yeux vifs analysaient déjà la situation dans le bar. “J’ai vu des hommes suspects rôder près de notre maison. Ça ne sent pas bon.”
Jun soupira, passant une main dans ses cheveux. “Ouais, on est au courant. Des types louches ont été repérés près du marché aussi.”
Barbara s’approcha du comptoir, une main posée sur son ventre rond. “Et qu’est-ce que tu comptes faire, grand frère ?” demanda-t-elle, un sourire taquin aux lèvres malgré la situation.
Jun ne put s’empêcher de sourire en retour. Malgré leurs différences, il était toujours heureux de voir sa petite sœur. “On a déjà mis un plan en place. Den est parti alerter la garde, et on a envoyé Kô et Tay-Ly en reconnaissance.”
Zu-ki fronça les sourcils. “Kô ? Le gamin de 8 ans ? C’est risqué, Jun.”
“Je sais,” admit Jun. “Mais il connaît les rues mieux que quiconque.”
Barbara posa une main sur le bras de son frère. “Fais attention, Jun. Je ne voudrais pas que mon futur neveu ou nièce grandisse sans son oncle.”
Jun fut touché par le geste, mais avant qu’il ne puisse répondre, Rayakusa s’approcha avec deux verres. “Un jus de fruits pour la future maman, et un whisky pour le papa protecteur,” dit-elle avec un clin d’œil.
Zu-ki accepta le verre avec un hochement de tête reconnaissant. “Merci. Alors, quelle est la suite du plan ?”
Jun allait répondre quand Tay-Ly traversa soudainement le mur, l’air agité. “Jun ! J’ai des nouvelles !”
Tous se tournèrent vers le fantôme, qui oscillait rapidement entre tangible et spectral, signe de son excitation. “Les Vipères Noires, ils ne sont pas là par hasard. Ils cherchent quelqu’un en particulier.”
“Qui ?” demanda Jun, sentant son estomac se nouer.
Tay-Ly hésita un instant, jetant un coup d’œil à Barbara et Zu-ki. “Ils… ils cherchent une femme enceinte. Apparemment, elle aurait des informations qu’ils veulent à tout prix.”
Un silence pesant tomba sur le groupe. Tous les regards se tournèrent vers Barbara, dont le visage avait pâli.
Zu-ki se plaça immédiatement devant elle, son corps tendu comme un ressort. “Personne ne touchera à Barbara ou à notre enfant,” gronda-t-il.
Jun sentit une vague de détermination le submerger. “Bien sûr que non,” affirma-t-il. “Barbara, Zu-ki, vous restez ici. Le bar est l’endroit le plus sûr de la ville en ce moment.”
Barbara semblait vouloir protester, mais finit par acquiescer. “D’accord, mais ne fais rien de stupide, Jun.”
Jun esquissa un sourire. “Tu me connais, petite sœur.”
“Justement,” répliqua-t-elle, mi-amusée, mi-inquiète.
Saïka s’avança, son visage habituellement impassible trahissant une certaine inquiétude. “Si les Vipères Noires sont impliquées, ça pourrait devenir vraiment moche. Je peux préparer quelques potions qui pourraient nous être utiles.”
“Fais ça,” approuva Jun. “Rayakusa, tu peux t’occuper de Barbara et Zu-ki ? Je dois aller voir où en est Den avec la garde.”
Rayakusa hocha la tête, son visage habituellement jovial maintenant sérieux. “Compte sur moi, Jun.”
Alors que Jun se dirigeait vers la porte, Tay-Ly flotta à ses côtés. “Je viens avec toi,” déclara le fantôme.
Jun hésita un instant, puis acquiesça. “D’accord, mais reste sur tes gardes. On ne sait jamais ce qui peut arriver avec ta… condition actuelle.”
Avant de sortir, Jun jeta un dernier regard à sa sœur. Barbara lui fit un petit signe de la main, son visage un mélange de fierté et d’inquiétude. Zu-ki, toujours protecteur, avait un bras autour de ses épaules.
Jun prit une profonde inspiration et sortit dans la nuit, Tay-Ly à ses côtés. La ville qu’il connaissait si bien semblait soudain étrangère et menaçante. Mais une chose était sûre : il ferait tout pour protéger sa famille et ses amis, quoi qu’il en coûte.
Merci d’avoir lu ce tome, j’espère qu’il vous aura plu ! Le tome 2 sortira d’ici 2025, je pense.
Comme vous avez pu le remarquer, je n’ai pas mis d’images pour que vous puissiez vous imaginer les sennes comme vous les voyez !
Si cela vous a plu, n’hésitez pas à passer mettre un petit commentaire d’encouragement ! Cela fait toujours plaisir, sur ce bonne journée/soirée ! ☺